107 Trav. Afrique Volcans
Passionnés de volcans, lors de notre voyage en camping-car France-Namibie (voir http://fredanik.over-blog.com ), nous allons essayer de rendre ce parcours le plus volcanique possible et nos premières visites de volcans se feront en Turquie.
15 mai, 10h. Nous quittons Konya pour le lac de Van et un de ses volcans, le Nemrut Dag. Et pour ce faire, nous allons suivre les indications données par J. Féraud dans un hors-série de LAVE.
Nous prenons donc la direction de Karapinar et, même par ce temps brumeux, nous apercevons les cônes posés sur le plateau anatolien, à une trentaine de kilomètres. Nous traversons le village et allons directement nous installer dans le fond du maar du Mekegolu, en empruntant une route à 5 km à l’est de la petite ville. Nous avons le sommet du cône en point de mire mais il ne faut pas pour autant négliger de bien regarder la route car ici, ce sont les tortues qui traversent et certaines, d’un diamètre n’excédant pas 3 cm, sont dures à repérer !
Une fois au bord du cratère, deux choses nous surprennent : le niveau très bas du lac (dû, d’après un monsieur rencontré, à l’utilisation intensive de l’eau pour l’agriculture) et aussi la couleur de l’eau que nous attendions bleue, d’après les photos que nous avions vues, et la voilà rouge-marron, entrecoupée de traînées blanches dues au sel. Ce lac nous fait penser un peu au lac Natron (Tanzanie), en bien sûr beaucoup plus petit et moins peuplé car ici, ce sont juste deux flamants roses et quelques échassiers qui profitent des micro-algues. Au centre du maar, un cône, rouge-brun. Sa pente raide et ses lapilli non agglomérés rendent la montée sportive mais elle est heureusement courte avec ses 140 m de dénivelée. Quelques rares bombes parsèment le cône mais la grande majorité se retrouve concentrée au fond du cratère. Du sommet, on peut voir les cônes voisins posés à même le plateau, et quelques monticules de lave. Un volcan et ses champs de lave touchent la ville de Karapinar et au nord, on aperçoit, de l’autre côté de la route, le maar d’Acigol. Des balades sont tout à fait possibles à partir du Mekegolu, le tour de son cratère permet un point de vue splendide sur son cône (plus ou moins 3h de marche) et aux alentours, en une demi-journée, il est possible de gravir 2 ou 3 cônes voisins. On peut aussi se rendre à pied à Acigol. Depuis la lèvre supérieure de ce maar, nous pouvons voir que l’eau, cette fois-ci, est bel et bien bleue, et les flamants ont été remplacés par des sortes de canards aux plumes dorées. Encore une fois, là aussi, le tour du lac, comme pour le Mekegolu, nous fait voir la structure stratifiée de l’édifice. Seul bémol sur ces volcans : les aires de pique-nique, accessibles en voiture, sont jonchées de déchets…
En route pour le canyon d’Ilhara, en passant par Ivriz pour admirer un bas-relief hittite représentant un dieu et un roi (3m de haut) puis, dans les tufs volcaniques, le magnifique monastère excavé de Gumusler, église et labyrinthe de pièces creusés dans la roche sur 4 niveaux.
Ilhara, où la rivière a creusé ce même tuf et créé un canyon sur 14 km, de 100 à 200m de haut ; là aussi, églises et maisons sont creusées à même la falaise.
D’Ilhara, l’Hasan Dag, volcan de 3200m d’altitude, encore enneigé à cette époque, nous domine.
Une visite au maar du Koca Dag, près de la petite ville d’Acigol : le fond de cette immense caldeira est investi par les agriculteurs. Depuis le sommet du Koca Dag, nous voyons au loin l’incontournable site de la Cappadoce, où les cheminées de fée sont creusées d’innombrables églises et maisons, dans des dépôts volcaniques de toutes les couleurs. Et ce sera lors de la visite de la Cappadoce que nous voyons le colossal Erciyès, volcan de 3900m, qui ferme à l’est cette région. Hasan Dag et Erciyès peuvent être des buts de randonnées alpines. Nous tenons à signaler que nous ne faisons que relater notre parcours : pour les explications scientifiques, se rapporter au hors-série de J. Féraud sur « les Volcans actifs de Turquie ».
Suıte : Le volcan Nemrut
Le chemin est long, de la France à Tatvan. Heureusement, nous traversons des paysages grandioses et variés, et les sites à visiter ne manquent pas. Notamment le terrain volcanique et tourmenté de la Cappadoce, et l’imposant site historique du Nemrut Dagi (à ne pas confondre avec le volcan Nemrut Dag !).
Nous voilà enfin à Tatvan (1750 m d’altitude), au bord du lac de Van et au pied du volcan Nemrut.
La route qui monte au volcan traverse un village avant d’arriver à un hôtel et à un télésiège qui, avant d’avoir pu fonctionner, ont été partiellement détruits l’hiver dernier à cause du vent.
A 2550m, ns atteignons la lèvre de la caldeira en franchissant des passages périlleux dus aux énormes avalanches. Le lac de cratère est magnifique, nous tentons de l’atteindre mais la pluie revenue en force nous fait craindre de nouveaux éboulements. Nous rebroussons chemin pour dormir en sécurité à 2528m. Le froid aura raison de nos projets : nous descendons dormir au bord du lac de Van. Heureusement car en début de nuit, un énorme orage éclatera.
Le lendemain, le beau temps revenu, nous allons visiter la caldeira et nous garons au col, juste avant la première coulée de neige et ses ravines (la + délicate à franchir la veille). 6h1/2 de marche sur les nombreuses pistes qui sillonnent cette caldeira de 8km de diamètre. Enormes troupeaux et leurs bergers armés. Pour atteindre le lac de cratère qui, grâce au soleil revenu, a pris une couleur bleu vert profonde, nous marcherons 2h1/2, traversant les différentes strates déposées lors des éruptions passées. Nous longerons de petits lacs, dont le plus au nord laisse échapper des bulles et quelques fumerolles, montrant l’existence d’une source d’eau chaude. Coulées d’obsidienne, dômes de lave et petits cratères sont omniprésents… Une fois au bord du lac, il faut vraiment lever haut la tête pour voir le haut de la caldeira où une épaisseur impressionnante de roches volcaniques instables ne demandent qu’à retrouver le fond du cratère ! 4 h pour longer le bord du lac, et remonter en traversant les différentes coulées, telles des montagnes russes…
De retour au ccar, nous nous rendons compte qu’avec la chaleur, la neige a fondu, la ravine s’est effondrée, et pour les téméraires passés le matin, il faudra entailler les 4m de hauteur de neige de la coulée pour retrouver la largeur permettant de passer en voiture… nous aurions mis des heures pour le ccar !
Nous nous installons à mi-pente, à la gare du télésiège, pour dormir. 3 personnes avaient peut-être essayé de nous avertir car 1h + tard, un gigantesque orage de grêle s’abattait sur nous. Nous avons essayé de protéger lanterneaux et panneau solaire sous la poulie du télésiège mais sommes descendus lors d’une accalmie, roulant sur plusieurs cm de grêlons, aveuglés par les éclairs !
Le surlendemain, le beau temps revenu, nous décidons de monter sur la lèvre sud en longeant le télésiège. C’est sur d’énormes coulées d’obsidienne, le plus souvent contenant des impuretés, que nous progressons. Une fois en haut, notre vue embrasse l’ensemble de la caldeira. Le lac, que nous apercevons enfin dans sa totalité, toujours avec sa couleur éclatante, nous montre sa forme de haricot. La majorité du fond du cratère est recouverte de végétation ; seule une énorme coulée à nos pieds en est dépourvue : certainement plus récente ? Perchés à plusieurs centaines de mètres du fond de la caldeira, nous devons faire particulièrement attention pour marcher le long de la lèvre. Nous sommes sur des corniches de neige (investies par des milliers de coccinelles !) ou sur des blocs de lave, les unes et les autres risquant à tous moments de s’effondrer !
Le spectacle que nous aura offert le Nemrut nous fait oublier les kilomètres et l’état désastreux des routes pour l’atteindre ! Ce voyage nous aura permis de voir à quel point le peuple turc, en général, est accueillant et gentil !
Prochaine étape : la Syrie où, d’après nos lectures, il y aurait un massif volcanique à la frontière jordanienne : à suivre !